Confusion ou plutôt « Intox »? Une chose est sûre, le gouvernement El Othmani cherche par tous les moyens à renflouer les caisses du Fonds d’appui à la cohésion sociale et parmi les outils à sa disposition et qui ne risquent pas de faire de grosses vagues: surtaxer les tabacs. Le PLF 2019 prévoit 1,2 milliards de dirhams de recettes sur les tabacs si le texte est adopté par le Parlement et si les opérateurs se décident à « jouer le jeu » en répercutant cette hausse sur les prix de vente, a-t-on appris d’une source bien informée.
« Si les opérateurs sur le marché marocain acceptent de jouer le jeu…les prix connaîtront une hausse mais pas la fourchette annoncée sur les réseaux sociaux…ces projections infondées citées ici et là sont plutôt de l’intox qui risque de semer la confusion », a affirmé mercredi à Article19.ma, cette source qui suit le dossier de très près et qui a requis l’anonymat.
Il y a sept opérateurs dans le secteur de la distribution des tabacs au Maroc, 4 majors et 3 petits opérateurs spécialisés dans le mu’assel, qui se partagent un marché global de près de 15 milliards de cigarettes vendues dans le Royaume.
« Les prix sur le marché sont libres au Maroc… les marges premium doivent se situer entre 12 et 14 dirhams par paquet et la question qui se pose : est-ce que les opérateurs sont-ils prêts à gratter sur leur marges ou agir en conséquence et plutôt répercuter directement la hausse de la nouvelle taxe sur les prix à la consommation l’année prochaine, une fois la loi adoptée avant fin décembre 2018 », ajoute la même source.
Le mécanisme de fixation des prix est « très complexe » et il n’est pas certain que les opérateurs acceptent de suivre « la logique » du gouvernement, souligne-t-on. « Quel que soit X ou Y… les prix ne situeront pas au delà de 1 à 3 dirhams le paquet de tabac blond y compris Marlboro, Winston ou Marquise », affirme-t-on.
Pour rappel, la semaine dernière, une polémique s’est déclenchée sur la Toile relative à la perspective d’une hausse astronomique des prix des tabacs atteignant les 7 dirhams par paquet à partir de janvier 2017, a même atteint le Parlement où le député du PAM (opposition) Abdellatif Ouahbi a crié au « scandale » et a dénoncé la proposition de hausse évoquant le risque de la « floraison et l’expansion du marché noir des tabacs importés clandestinement de l’étranger ».
Le débat n’est pas encore tranché mais le projet de loi passera sans nul doute comme une lettre à la poste et ne risque pas d’être rejeté à cause de la majorité confortable dont dispose le gouvernement au sein de l’hémicycle.
En filigrane, n’a-t-on pas déjà « préparé psychologiquement » l’opinion publique à la hausse, quelque soit cette hausse, se demandent les fumeurs?