Éclairage – Viol dans un bus: la sociologue Naamane Guessous impute la responsabilité au « discours intégriste »

La sociologue Soumaya Naamane Guessous, spécialiste de la sexualité et des droits des femmes, a estimé que « le discours intégriste » a une très grande part de responsabilité dans la recrudescence de la violence à l’égard des femmes dans la société marocaine.

Commentant l’agression sexuelle dont a été victime récemment une jeune fille dans un bus à Casablanca, la sociologue a affirmé à l’hebdomadaire TelQuel que « les agressions sexuelles ont toujours existé et nous ne sommes pas dans le cas de l’Inde où les viols collectifs sont légion. Mais le phénomène qui est vraiment nouveau, c’est la cruauté qui consiste à filmer les crimes et à s’en vanter sur la toile, dans une recherche abjecte de célébrité ».

Pour elle, « ces jeunes se sentent en impunité totale, car même les passants ne s’arrêtent plus pour défendre les femmes victimes d’agression. Cela fait réfléchir aussi sur l’impact de la toile sur ces jeunes irresponsables ».

C’est notamment « l’influence salafiste qui entre en jeu : le discours intégriste, qui ne prône pas du tout le respect de la femme, est relayé par des chaînes de télévision satellitaires et sur la toile ».

Par ailleurs, a-t-elle souligné, « le discours religieux dans certaines mosquées, mais également par certains enseignants, va dans ce sens-là. La femme est considérée comme Satan qui porte atteinte à la piété du croyant. Une femme est toujours considérée comme une prostituée dans la rue, même si elle porte le foulard ».

+La pornographie a enragé les jeunes+

La sociologue voit également dans la frustration sexuelle ambiante une explication aux agressions dans la rue.

« Au Maroc, la valeur d’un homme c’est sa virilité. Les jeunes garçons sont élevés pour exhiber leur puissance sexuelle. D’un autre coté, la valeur des filles c’est la virginité. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans ce système. La pornographie a enragé sexuellement les jeunes, qui vont se déchaîner sur des femmes », a encore relevé Guessous.

Pour sa part, Jamal Khalil, professeur de sociologie à l’Université Hassan II Aïn Chock Casablanca, a déploré qu’il n’y ait pas un suivi statistique des agressions sexuelles sur les femmes dans l’espace public.

Le sociologue a ainsi regretté qu’il n’y ait pas un organisme étatique indépendant pour recenser ces phénomènes, rappelant que l’Observatoire national de la violence à l’égard des femmes a été créé dans le cadre du plan gouvernement d’égalité homme/femme « ICRAM », mais que celui-ci, considéré comme une « coquille vide » par les associations féministes, ne produit pas de telles statistiques.

+ Un phénomène gravissime…+

Pour Khadija Ryadi, ancienne présidente de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), « c’est un phénomène (la violence) qui prend de l’ampleur dans la société de façon gravissime ».

Quant à l’ancienne ministre du Développement social et de la Famille et membre du PPS, Nouzha Skalli, elle s’est dite « sous le choc de cette recrudescence inqualifiable de la violence à l’égard des femmes », rappelant que la reconnaissance de cette violence est récente, y compris sur le plan international.

Article19.ma

2 Commentaires

  1. Quelle hypocrisie! Tu n’a trouvé que le discours islamique a blamer? C’est comme si nos chaîne radio et télé en diffuse jours et nuit et on trouve les flyer de la sa3wa dans la rue !
    Aucun mot pour les autorité, pour le système judiciaire français que nous avons hérité? …