MIGRATION – Montréal se déclare « ville sanctuaire » pour protéger les sans-papiers sur son sol

Le conseil municipal de Montréal a adopté, lundi à l’unanimité, une déclaration visant à faire de la métropole québécoise une « ville sanctuaire » pour les immigrants sans papiers qui vivent sur son sol sans qu’ils aient à craindre une expulsion. 

« C’est un moment historique. J’ai vécu beaucoup de choses en politique, mais voir un conseil voter, à l’unanimité, pour faire de Montréal une ville sanctuaire compte tenu du contexte tant à l’échelle mondiale et même sur notre continent, je pense que cela envoie un message très très fort », a déclaré le maire de la ville, Denis Coderre.

« Ce n’est pas un symbole et des mots, il va y avoir des politiques qui vont s’y rattacher », s’est-il engagé, sachant que l’organisme « Solidarité sans frontières » dénombre au moins 50.000 personnes sans statut d’immigration légal à Montréal.

Dans ce sens, M. Coderre a précisé que le gouvernement du Québec doit prendre des mesures pour que les immigrants sans statut aient accès à des services de santé et d’éducation.

La déclaration entérinée par les élus affirme l’engagement de la ville « à assurer la protection et l’accessibilité de ses services à toute personne sans statut légal qui vit sur son territoire, indépendamment de sa condition sociale et de son appartenance ethnique ou religieuse ».

« Plusieurs des sans-papiers sont des victimes et on doit les aider en conséquence », a affirmé M. Coderre, qui a appelé le gouvernement de Philippe Couillard à lui emboîter le pas et à offrir aux sans-papiers des services en matière de santé et d’éducation, notamment.

Il a aussi affirmé qu’il compte interpeller le gouvernement fédéral de Justin Trudeau pour que la situation des sans-papiers puisse être régularisée, faisant savoir que l’arrivée de réfugiés par la frontière terrestre a explosé depuis le début de l’année en cours, puisqu’on rapporte en janvier l’interception de 452 personnes, soit 315 de plus qu’à pareille date l’an dernier.

Par ailleurs, un mandat a également été accordé à la Commission de la sécurité publique pour que soit élaborée, de concert avec le Service de police de la ville de Montréal (SPVM), une approche afin de s’assurer qu’une personne sans statut légal et vulnérable puisse avoir accès aux services de sécurité publique sans risque d’être dénoncée aux autorités d’immigration ou d’être expulsée, sauf si cette personne est recherchée pour des infractions criminelles.

Si l’ensemble des élus ont donné leur aval à la déclaration adoptée, la chef de l’opposition, Valérie Plante, croit, elle, que des gestes plus concrets devront être faits avant de désigner Montréal comme « ville sanctuaire ».

Avec l’adoption de cette déclaration, Montréal rejoint d’autres villes nord-américaines comme San Francisco et Chicago, alors que Toronto est devenue, en 2013, la première ville à proclamer un tel statut au Canada.

Ces dernières semaines, de plus en plus de personnes sont entrées illégalement au Canada par la frontière avec les Etats-Unis, dans la foulée du controversé décret promulgué par le président américain Donald Trump.

Dans ce cadre, plusieurs autres villes canadiennes ont évoqué un intérêt pour des déclarations similaires à celle adoptée à Montréal, notamment Ottawa, Saskatoon et Regina.

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