PROFILE – Qui est James Comey, le patron du FBI qui fait trembler le clan Clinton ?

FBI Director James Comey waits to testify at a Senate Committee on Homeland Security and Government Affairs hearing on "Fifteen Years After 9/11: Threats to the Homeland," on Capitol Hill in Washington, DC on September 27, 2016. / AFP PHOTO / YURI GRIPAS

Le FBI a relancé l’affaire de la messagerie privée d’Hillary Clinton en annonçant avoir découvert de nouveaux emails.

James Comey, big boss du FBI, pourrait bien être la vraie « surprise d’octobre ». Une véritable bombe politique. A 10 jours de l’élection présidentielle américaine, le directeur de l’agence fédérale a informé par courrier des élus du Congrès, contrôlé par les républicains, que de nouveaux messages, potentiellement « pertinents », avaient été découverts dans le cadre des enquêtes autour de la messagerie privée d’Hillary Clinton, sans plus de précisions, sans que l’on sache si ces messages ont une importance ou non. Et ce, alors même qu’il avait, en juillet dernier, clos le dossier concluant à l’absence de volonté délictueuse de la candidate.

Le camp démocrate, qui se félicitait déjà de la bonne distance prise dans les sondages sur son adversaire Donald Trump, a vu rouge et a pris pour cible James Comey. Hillary Clinton, elle-même a qualifié cette lettre de « sans précédent » et « profondément inquiétante ». « Il est plutôt étrange qu’une chose pareille soit publiée, avec si peu d’informations, juste avant une élection », a-t-elle dit lors d’un meeting à Daytona Beach, en Floride.

« Les électeurs méritent les faits dans leur ensemble. Nous avons donc appelé le directeur Comey à expliquer tout et tout de suite, à tout mettre sur la table », a-t-elle insisté.

Le « New Yorker », citant des magistrats du département de Justice, estime que cette déclaration publique de James Comey porte atteinte au bon déroulement d’une élection – qui n’en n’avait pas besoin. Dans une stricte séparation des pouvoirs, la justice américaine n’informe, ni ne commente une enquête en cours, encore moins à des élus du Congrès. Il est d’usage que la justice soit encore plus vigilante lors de 60 jours précédent une élection, la règle étant de ne rien dévoiler qui puisse altérer le processus électoral. Le journal américain rappelle qu’il y a quatre ans, le procureur général Eric Holder avait notifié à tous les employés du ministère de la Justice qu’en cas d’éléments d’enquête sensibles apparaissant à quelques jours d’un scrutin, que le service de l’intégrité publique soit saisi afin de se prémunir de toute manipulation politique.

En dépit de cette tradition d’agir avec discernement, James Comey a estimé que l’imminence du scrutin l’avait au contraire décidé à informer le public par le biais du Congrès, se plaçant ainsi comme arbitre au centre d’une dernière ligne droite de campagne agitée. Quatre choses à savoir sur lui.

Intégrité

Certains, parmi les magistrats, sous-entendent que James Comey, qui avait été très critiqué par Donald Trump pour avoir recommandé d’épargner Hillary Clinton, chercherait à se couvrir afin qu’on ne lui reproche pas d’avoir caché ces nouveaux développements avant le scrutin. James Comey, 55 ans, un républicain nommé par Barack Obama en 2013, a la réputation d’être intègre et indépendant. Avocat new-yorkais de 2,03 mètres, il a été enquêteur pendant une quinzaine d’années au bureau du procureur de New York, puis en Virginie, avant de devenir procureur fédéral à New York en 2002, rappelle « Libération ».

En 2003, il est nommé ministre adjoint de la Justice par George W. Bush. En 2004, alors qu’il est ministre par intérim après l’hospitalisation de John Ashcroft, il menace de démissionner pour forcer la Maison Blanche, à modifier un des programmes secrets de surveillance de la NSA, mis en place après le 11-septembre. Son refus avait contraint des responsables de la Maison blanche, dont le secrétaire général Andrew Card, à tenter de convaincre John Ashcroft de signer lui-même ces documents. Selon James Comey, qui se trouvait dans la pièce, l’Attorney General avait refusé.

En 2007, lors de son témoignage :

Lors de son audition pour le poste de directeur du FBI, James Comey s’était prudemment avancé pour un débat sur la transparence des programmes. « De manière générale, je sais que la récolte des métadonnées et l’analyse de métadonnées est un outil important pour la lutte contre le terrorisme », avait-il déclaré.

Défense et sécurité

En 2005, il quitte finalement l’administration Bush pour rejoindre le géant de la défense et de la sécurité Lockheed Martin jusqu’en 2010. Il travaillera également pour un fonds d’investissement, pour la banque HSBC et à l’université de Columbia », nous dit encore « Libération ».

Républicain

Enregistré comme républicain, il est proposé par Barack Obama en mai 2013 pour succéder à Robert Mueller, au détriment du sénateur Rand Paul. Les sénateurs ont voté à 93 voix pour, une voix contre. Le président américain avait alors voulu faire un geste envers les républicains pour afficher sa volonté de travailler avec eux. James Comey a insisté jeudi dernier pour dire que le FBI était « résolument apolitique », rapporte CNN.

Les Clinton

Ce n’est pas la première fois que James Comey à affaire aux Clinton. La première fois c’était au milieu des années 1990, lorsqu’il a rejoint la comission Whitewater du Sénat en tant que conseiller juridique. Là, il a été en charge de travailler sur des allégations de fraude dans le développement d’un projet immobilier dans l’Arkansas -Etat dirigé par Bill Clinton à l’époque- dans lequel le couple Clinton s’était associé. La deuxième fois en 2002, alors qu’il est procureur fédéral. Il a en main le dossier Marc Rich, du nom de cet homme d’affaires américain, inculpé pour évasion et fraude fiscale, gracié par le président Bill Clinton. L’affaire en question avait révélé que l’ex-épouse de March Rich, faisait partie des plus importants donateurs de la fondation Clinton. A l’époque, Bill Clinton avait assuré que cela n’avait pas influencé sa décision. Les poursuites finiront par être abandonnées.

Source: nouvelobs.com

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