INSOLITE – Les Mollahs en Iran veulent des mannequins en chador

En Iran, la justice s’acharne contre les jeunes filles qui prennent la pose sans voile sur les réseaux sociaux.

 

Le 15 mai, lors d’une réu­nion entre le procureur de Téhéran, Abbas Jafari Dolatabadi, et des juges de plu­sieurs tribunaux, les propos d’une jeune femme qui a abandonné le mannequinat car elle ne maî­trisait plus les photos « non isla­miques » d’elle [où elle apparaît sans voile] publiées sur Internet ont marqué les esprits.

 Dans une conversation avec le procureur de Téhéran, elle a mentionné « le besoin d’être vue » et « les revenus s’élevant à des millions de tomans » [ancienne devise iranienne, dont le nom est toujours utilisé dans la vie quotidienne]comme ses vraies motivations pour se lancer dans ce métier.

« En moyenne, combien vous tou­chiez par mois ? » lui a demandé le procureur. « A peu près 10 millions de tomans [environ 3000 euros] », a-t-elle répondu.

 En guise de conseil aux jeunes, cette jeune Iranienne [identifiée par des internautes comme Elham Arab, mannequin très populaire sur Instagram, réseau accessible en Iran, contrairement à Facebook et Twitter] a déclaré: « Sur ma page (Instagram), beaucoup de femmes me demandent comment devenir mannequin. Or elles doivent d’abord réfléchir aux conséquences de cette décision. Toute fille veut se marier et devenir heureuse. Il faut se demander si un mannequin va épouser la personne qu’elle aime. La réponse est négative dans 90% des cas. »


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Quelques heures après cette réunion, le Centre des crimes organisés [aux mains des gar­diens de la révolution, la milice du régime] a publié un communiqué dans lequel il annonce avoir iden­tifié « 58 mannequins, 51 gérants de maison de couture, 59 photo­graphes et maquilleurs et 2 orga­nisations actives dans le milieu de la mode ayant réussi à séduire un grand nombre de jeunes ». Parmi ces personnes, 20 font l’objet de poursuites judiciaires, et 8 ont été arrêtées. Toutes ont été relâchées sous caution et devraient attendre leur verdict.]

Cette ‘opération, baptisée « Araignée 2 », a commencé il y a deux ans à la suite des mil­liers de lettres et de courriels venant de pays qui dénoncent les aspects négatifs de l’espace virtuel, notamment d’Instagram, dont les gérants « cherchent à chan­ger le mode de vie irano-islamique ».

Le Centre des crimes organi­sés dit avoir découvert l’existence de contacts entre des organi­sations non gouvernementales internationales et les acteurs de la mode en Iran, et précise avoir mené des opérations d’identifi­cation à l’étranger pour surveil­ler ces réseaux. Les prochaines cibles du centre, selon son com­muniqué, seront « les personnes qui transgressent les normes isla­miques notamment en utilisant Telegram [une application de mes­sagerie très populaire] ».

Source: Courrier International

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