FIFA : Blatter joue sur les mots et dit « je n’ai pas démissionné »

« Mon nouveau mandat n’a pas le soutien de tout le monde du foot. C’est pourquoi j’en appelle à l’organisation d’un Congrès exceptionnel pour procéder à l’élection de mon successeur. » Le 2 juin, le Suisse Joseph Blatter avait provoqué un séisme en annonçant son abdication prochaine.

Tout juste réélu pour un cinquième mandat, le président de la Fédération internationale de football (FIFA) avait indiqué qu’il quitterait ses fonctions au lendemain d’un nouveau scrutin, organisé entre décembre 2015 et mars 2016. La date de l’élection sera connue à l’issue du prochain comité exécutif de la FIFA, le 20 juillet.
Mais trois semaines après sa déclaration, le dirigeant de 79 ans entretient volontairement le flou sur sa situation et ses intentions. Et joue sur le mots. Le 25 juin, le patron du foot mondial, en poste depuis 1998, a effetué l’une de ses premières sorties publiques depuis l’annonce de son retrait. A Zurich, il a rencontré les équipes en charge de la construction du nouveau musée de la FIFA, qui doit ouvrir ses portes en 2016. « Je n’ai pas démissionné, mais plutôt remis mon mandat à disposition lors d’un congrès extraordinaire», a assuré l’Helvète devant un public acquis à sa cause. Des propos relayés par le journal suisse Blick et confirmés par un porte-parole de la FIFA. « Nous pouvons confirmer que le président a été correctement cité », a déclaré ce représentant de la Fédération internationale.
« Je ne suis mûr ni pour le musée ni pour être une statue de cire » selon le Monde.

 

« Cela fait du bien d’être là, a souri le patriarche durant ce déplacement à Zurich, où est établi le siège de la FIFA, actuellement ébranlée par une litanie de scandales de corruption. Seul celui qui connaît le passé peut comprendre le présent et dessiner l’avenir. En d’autres mots, seul celui qui vient du bas peut connaître toutes les dimensions de notre sport. » « Ce musée me tient à cœur mais pas de malentendu: je ne suis mûr ni pour le musée ni pour être une statue de cire », a poursuivi le Suisse, dont la défense est désormais assuré par l’Américain Richard Cullen, ex-procureur fédéral de Virgine et proche du patron du FBI, qui enquête actuellement sur la FIFA.

Cette sortie équivoque du Valaisan intervient dix jours après les confidences de son ex-conseiller Klaus Stöhlker à la chaîne britannique Sky News. Selon ce « spin doctor », le septuagénaire aurait reçu des messages de soutien de Fédérations africaines et Asiatiques. « Il y a des gens qui lui demandent de ne pas démissionner, avait glissé Klaus Stöhlker, dont le contrat avec la FIFA a expiré fin mai. Blatter est l’homme qui a fait la FIFA ces quarante dernières années. Si aucun candidat compétent n’émerge, ce sera difficile pour lui de démissionner. A partir du moment où il n’y a pas un candidat convaincant pour le remplacer, avec le même niveau linguistique, de qualifications, de contacts, et de connaissance du football, cela reste ouvert pour qu’il se représente. »

« Il va partir. Un nouveau président doit être élu».

+++ Blatter…indéboulonnable ? +++
Sondée par Le Monde, une source très proche du président de la FIFA balaye cette possibilité d’un revers de main : « Il va partir. Un nouveau président doit être élu. Ce communicant a une très mauvaise répution et il essaye d’attirer l’attention sur lui. » « Ce n’est pas crédible qu’il se maintienne au pouvoir », confirme un responsable de l’Union des associations européennes de football (UEFA), dont le président, le Français Michel Platini, hésite à se présenter à la succession de son ancien allié.

« Blatter est un mort vivant. Mais il continue à endommager la FIFA et le football, à cause de son ego débordant, tant qu’il reste à la barre,confie le patron d’une fédération européenne. Nous ne pouvons pas avancer tant qu’il est là. Il sert son propre agenda et il ne faut rien attendre de bon pour la FIFA. Lui et Valcke (le secrétaire général français de la FIFA) sont responsables des affaires et autres allégations de corrupion. Blatter donne l’impression de préparer le terrain pour son successeur, celui qu’il aura choisiSa crédibilité est en dessous de zéro et il doit partir maintenant! » Le 11 juin, le parlement européen a, lui aussi, réclamé le départ immédiat de « Sepp » Blatter, se prononçant pour la nomination d’un « président provisoire ».

Alors que Michel Platini pèse le pour et le contre avant d’officialiser sa décision, d’ici fin août, plusieurs personnalités se sont lancées dans la course à la succession du Valaisan. Battu (133 voix contre 73) par le président sortant de la FIFA, le 29 mai, le prince jordanien Ali bin Al-Hussein a présenté à nouveau sa candidature. L’ex-légende brésilienne Zico, l’ancien international français David Ginola et Musa Hassan Bility, patron de la Fédération libérienne depuis 2010, aspirent également à prendre les commandes du gouvernement du foot mondial.

 

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